lundi 30 avril 2012

Le Blockhaus d'Eperlecques

Aujourd'hui, on va aller se dégourdir les gambettes et se cultiver un peu. Comme je vous l'avais dit, la semaine dernière je suis rentrée chez mes parents, et ceux-ci ont toujours de bonnes idées de sorties. Certes ce sont des activités culturelles qui peuvent en rebuter certains, mais ça me fait toujours un bien fou de découvrir de nouveaux endroits et de me plonger, l'espace d'une journée, dans l'histoire des lieux. Cette fois donc, nous avons été visiter...

Le Blockhaus d'Eperlecques 

Photo © R'Média

Eperlecques est un petit village près de Saint-Omer et est un haut lieu de la Seconde Guerre Mondiale. En 1943, lorsqu'Hitler décide de déployer ses deux armes secrètes, le V1 et particulièrement le V2, le site de la forêt d'Eperlecques est choisi afin d'y construire une base de construction et de lancement. Tout ceci ayant pour but de rayer Londres de la cartes, à grands coups de missiles. C'est ainsi que commence la construction du bunker, un projet quasi pharaonique.

La visite commence par la présentation des wagons destinés au transport des déportés qui furent réquisitionnés pour travailler sur le chantier. La guide nous fait rentrer dans l'un d'eux, et nous explique qu'à la base prévus pour transporter 40 hommes, ces wagons accueillaient en vérité plus d'une centaine d'hommes adultes, plus les enfants qui n'étaient pas comptés. Des traces de pas au sol nous montrent l’exiguïté qu'ils devaient supporter. Ca m'a vraiment fait froid dans le dos...


Ensuite nous pouvons voir les différentes bombes qui ont été et sont encore retrouvées sur les lieux, expliquant les cratères qui dévastent les alentours de la forêt d'Eperlecques. En particulier les bombes Tallboy, pesant environ 6 tonnes, qui furent lâchées sur le bunker par les aviateurs de la France Libre.


Puis au détour du chemin apparait enfin le blockhaus... Une vision vraiment impressionnante. C'est un immense sarcophage de béton, mesurant 33 mètres de haut, 75 mètres de long. J'ai toujours été fascinées par ces constructions au coté intemporel, et bien là je n'ai pas été déçue... Il faut savoir que les Allemands prévoyaient une base 3 fois plus grande, heureusement que les travaux n'ont pas été menés à leur terme.


D'ailleurs, en contournant l'immense masse, on comprend le pourquoi du comment : la partie nord du batiment n'est plus qu'un champ de ruines. En effet les alliés n'étaient pas dupes à leur excuse de "construction d'une centrale électrique", et 4 mois après le début du chantier de nombreux bombardements furent entrepris, rendant le projet de lancement de V2 impossible à réaliser. Les hauts parleurs nous diffusent les bruits des avions approchants et des alarmes se déclenchant, et j'imagine avec horreur le sentiment que les ouvriers ont du ressentir...


Néanmoins les ingénieurs étaient pleins de ressources : abandonnant l'idée de la base de lancement, ils persistèrent néanmoins à créer une usine de fabrication d'oxygène liquide, nécessaire au lancement des V2. Le chantier continue alors dans la partie sud pour aboutir à l'énorme carapace bétonnée que l'on peut voir de nos jours. Tout ceci jusqu'à ce que, à force de bombardements, les fondations elles même soient ébranlées et qu'il soit trop dangereux de continuer à fabriquer ce matériau un tantinet explosif.


La visite se finit par un rappel à la mémoire des nombreux déportés de toutes origines décédés lors de la construction, sur l'écran de projection à l'intérieur du bunker lui même, où il fait atrocement froid. Je ne peux pas m'empêcher d'être très émue, d'autant que l'ambiance humide et austère du bâtiment est très pesante... La sortie à l'air libre pour les dernières explications est salvatrice. A l'extérieur une rampe de lancement V1 est également visible.


Bref, si vous êtes dans le nord de la France, c'est une visite que vous vous devez de faire. Elle ne dure au maximum que 2 heures, et puis après comme nous l'avons fait, il est possible de faire une petite balade en forêt (qui est d'ailleurs immense). L'entrée est malheureusement assez chère, 9 euros et 6 euros sur présentation de la carte étudiante. M'enfin, c'est un patrimoine historique qu'il faut absolument faire vivre :) Ici, le site officiel : le Blockhaus d'Eperlecques.

Nekopunk

5 commentaires:

  1. Ça à l'air cool ! Mais j'suis un peu dég que lors de la visite ils fassent pas péter un V2. Ça serait tellement génial !

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  2. Ho, bah tu sais sur les plages de Boulogne (mais aussi Equihen et sur les falaises à Wimereux, tout ça à 5 minutes de chez moi) il y en a quelques uns, pas aussi grands bien sûr, et en ruines, ils s'effondrent à cause de l'érosion de la côte. Tu pourrais peut être venir voir ça ;)

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    1. Ah bah tu sais les blockhaus et moi c'est une grande histoire d'amour. Quand on est en vacances je force toujours mes parents à s'arrêter pour que je prenne des photos. Donc si on en croise lors de nos virées, il est fort probable que je m'arrête sur ceux que je n'ai pas encore vus :)

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  3. J'aime ta façon d'écrire.
    Ca doit être écrasant de se retrouver face à un tel monument. Et quand on se dit qu'il y en a qui nient les atrocités de la guerre, alors qu'il y en a des preuves aussi tangibles...

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    1. Et sur la dernière photo on peut voir une plaque ; elle explique que 3 ouvrier Juifs décédés à la suite d'une grenade ont été directement coulés dans le béton, parce que le chef ne voulait pas perdre de temps à les enterrer. Impossible de rester de marbre face à ce genre d'atrocité... :(

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